Introduction au LIBOR
Le coût de l’argent s’exprime en taux d’intérêt. Ce taux varie suivant la durée du prêt (sa maturité), le crédit de l’emprunteur (donc la confiance que lui accordent les banques ou les investisseurs), la présence ou non de collatéraux (produits financiers ou non hypothéqués dans le cadre du prêt) etc. Nous allons dans cet article nous intéresser à l’indicateur phare du marché monétaire (prêts de cash sur du court terme, généralement moins de 2 ans, et sans collatéral).
Le LIBOR (London InterBank Offered Rate) est un indicateur de taux cash court terme sur plusieurs maturités et dans plusieurs devises. Chaque grande devise a ses taux LIBOR (on parle des LIBOR USD, LIBOR EUR, LIBOR GBP, LIBOR JPY, LIBOR CHF etc.) et pour chacune de ces devises, une série de taux pour des maturités allant de l’overnight au 12 mois est publiée quotidiennement à l’occasion des fixings.
En tant que tel, un taux LIBOR (par exemple le LIBOR USD 1 mois ou le LIBOR JPY 6 mois) est une variable à laquelle est affectée une valeur quotidienne nommée fixing. Cette valeur prend la forme d’un taux d’intérêt que publie quotidiennement la British Bankers Association à Londres. Pour chacune des devises inclues dans le LIBOR ont été sélectionnées 16 grandes banques considérées comme étant les banques de référence dans la devise concernée et qui constituent un panel de référence. Chaque jour, la BBA mène une enquête auprès des panels de grandes banques en posant à leurs trésoriers la question suivante: “à quel taux pensez-vous aujourd’hui pouvoir emprunter la devise X pour une durée Y?” avec X le nom de la devise et Y la maturité du prêt (overnight, tom next, 1 semaine, 2 semaines, 1 mois, 2 mois, 3 mois etc. jusqu’à 12 mois). Chaque trésorier répond à la question en donnant ses estimations de taux sur chacune des maturités, puis la BBA collecte les réponses, supprime les 4 extrêmes du haut et les 4 extrêmes du bas et publie la moyenne des 8 réponses restantes, et ce dans chacune des devises et pour chacune des maturités. A 11h GMT, l’ensemble des fixings ainsi obtenus sont publiés sur Reuters, Bloomberg et autres fournisseurs d’information financière.
Le LIBOR est donc purement déclaratif et ne sert que d’indicateur: ce n’est pas parce que le fixing du jour sur le LIBOR USD 3M est à 1% que toutes les transactions du jour dans cette devise-là et sur cette maturité-là se traiteront à 1%: les taux réellement observés sur le marché du cash dépendront de l’offre et de la demande. En outre, la publication des fixings n’intervient qu’en fin de matinée: une partie des transactions de la journée a déjà eu lieu avant 11h GMT, pour lesquelles les traders ont recours à des anticipations de fixings.
Voici ce à quoi ressemble les fixings LIBOR (page Reuters du 13 mars 2009):
Par exemple: le fixing du taux LIBOR pour le 3M GBP (consensus de taux auquel les principaux trésoriers du Sterling pensent pouvoir emprunter pour 3 mois) au 13 mars 2009 est égal à 1.86875%.
Les panels de référence changent pour chacune des devises, comme le montrent les deux panels ci-dessous (d’abord le panel de banques retenues pour établir les fixings du LIBOR USD puis celles intervenant dans les fixings du LIBOR JPY):
De nombreux produits financiers sont basés sur les fixings du LIBOR: les FRA (Forward Rate Agreements), les swaps taux fixe/taux flottant comme les IRS (Interest Rate Swaps) ou les X-CCY swaps (Cross-Currency Swaps), les futures de taux cash court terme (les Eurodollars, Euroyens etc.). Le LIBOR est donc extrêmement suivi dans le monde entier et ses variations d’un jour à l’autre sont très progressives: un LIBOR trop volatile affolerait les marchés financiers car il secouerait de trop les sommes gigantesques mises en jeu par les banques et autres acteurs financiers.
Depuis le début de la crise des subprimes et du resserrement du crédit, on constate l’apparition d’un écart devenu conséquent entre les annonces officielles des panels de grandes banques et les taux réellement observés dans le marché monétaire (cash et fx swaps). Cet écart, autrefois minime, se nomme la base. Le problème vient de ce que les fixings du LIBOR sont déclaratifs: les trésoriers des banques de référence peuvent très bien annoncer “penser pouvoir emprunter du JPY sur 3 mois à 0.5%” alors qu’en réalité ils devront payer plus d’1% sur le marché monétaire. Et la suppression des extrêmes dans l’établissement des moyennes de taux ainsi rapportés ne suffit vraisemblablement plus à faire coller le LIBOR aux taux réellement pratiqués sur le marché monétaire.
Le LIBOR est publié à Londres, mais d’autres places financières que Londres publient des fixings IBOR: le HIBOR à Hong Kong, le TIBOR à Tokyo, l’EURIBOR dans l’Union Européenne etc. Un fixing de LIBOR JPY ne sera pas forcément égal à un fixing de TIBOR JPY: dans le premier cas ce sont des banques londoniennes ou les filiales londoniennes de banques étrangères qui sont interrogées, tandis que dans le second cas ce sont des banques japonaises ou les filiales japonaises de banques étrangères qui sont interrogées.