Que sont les brokers?

March 2nd, 2009 | No Comments | Posted in Fixed Income

Les brokers interbancaires (”courtiers” en français) sont indispensables au bon fonctionnement des marchés monétaires. Leur rôle consiste à assurer la liquidité du marché interbancaire et c’est pour cela qu’ils sont rémunérés: sans eux, le jeu quotidien de vases communicants entre les banques ne pourrait s’opérer.

Soit deux banques A et B dont la devise principale est l’euro (EUR). Au jour J, la banque A se retrouve longue de 100 francs suisses (CHF), elle n’a qu’une obsession qui est de prêter cet excédent afin de toucher un intérêt dessus. Parallèlement à cela, au même jour J et sur une autre place financière, une banque B se retrouve short de 100 CHF et son obsession à elle sera d’emprunter ces 100 CHF qui lui manquent avant la fin de la journée. Dès lors, la solution semble évidente: la banque A négocie avec la banque B un taux auquel les deux parties acceptent de procéder à la transaction. Le problème est que sans les brokers, ces deux banques n’ont presque aucun moyen de se trouver l’une l’autre.

Les brokers sont des intermédiaires spécialisés sur certains types de produits et sur certaines devises. On trouvera par exemple des brokers de dépôts, de fx swaps, de basis etc. et ce sur toutes les devises liquides. Les brokers gèrent des portefeuilles de clients (les banques) et parlent à chacune d’elles tout au long de la journée pour faire apparaître petit à petit leurs intérêts et permettre la réalisation de transactions. Les banques sont gagnantes à passer par des brokers car ceux-ci leurs permettent de trouver des contreparties aux intérêts opposés avec qui traiter et qu’elles n’auraient pas pu trouver par elles-mêmes. Les brokers sont quant à eux rémunérés grâce à un pourcentage sur chaque transaction faite entre deux banques, ce qui les encourage évidemment à faire en sorte que les banques traitent un maximum entre elles.

Concrètement, les brokers commencent le matin un peu avant les traders des grandes banques afin de humer le marché: le marché monétaire étant avant tout un marché OTC (”Over-The-Counter”, en français “de gré à gré”, soit hors des systèmes d’échange organisés), son activité ne se cantonne pas aux flux d’une zone géographique donnée mais évolue avec le passage de la journée d’est en ouest: la journée “commence” au Japon et en Asie, puis l’activité se déplace sur les places financières européennes avant de finir sur le marché américain, d’où l’importance pour les brokers londoniens par exemple de prendre connaissance des intérêts des banques japonaises en “fin de journée” du Japon (soit début de journée européenne), qui donne le ton pour “l’ouverture” des places financières européennes (tous ces termes étant placés entre guillemets car s’agissant d’un marché OTC, il n’y a pas d’horaires imposés entre lesquels commencer à traiter et finir de traiter). Durant toute la journée, les brokers sont en contact avec les traders des grandes banques, les renseignent sur les évolutions du marché et les encouragent à laisser des ordres afin d’animer le marché et de faire émerger les intérêts.

Les principaux brokers interbancaires sont ICAP, Tullet Prebon, RP Martin, Tradition, etc. Tous fonctionnent “à la voix” (contact téléphonique via des lignes directes avec les traders des grandes banques) et certains ont mis en place des plate-formes électroniques propriétaires permettant aux traders d’entrer directement leurs intérêts. Tous sont également en contact avec les traders via Reuters Dealing, système via lequel les brokers peuvent transmettre les confirmations de trades aux deux parties comprenant les détails tels que le montant, la maturité, les noms des contreparties et leurs références bancaires pour les versements / demandes de versement. Ces détails ont valeur légale et attestent que le trade a bien eu lieu.

Plus un marché est liquide, plus il y a de transactions et mieux les brokers vivent. Toutefois, même si le trading à la voix est rapide (traders et brokers parlent un jargon fait de conventions destinées à aller plus vite dans la communication et à réduire les erreurs de compréhension), il n’est pas aussi fluide que le trading sur plate-formes électroniques telles que Reuters Dealing. Ces dernières constituent donc une vraie menace pour les brokers: en deux clics, le trader peut traiter sans avoir à parler au broker. Sur certains marchés comme le spot, les brokers ont quasiment disparu.

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